Coluche en Guadeloupe

Coluche en Guadeloupe

Michel Gérard Joseph Colucci, dit Coluche, était un célèbre humoriste français né en 1944 à Paris. Devenu humoriste de renom, on se souvient surtout de lui comme le créateur des “resto du coeur”. Comme toute autre personne, Coluche avait ses peines, et ressentait le besoin de se couper du monde lorsqu’il était trop submergé par le stress et les tensions. En 1978, il fait la découverte d’un endroit spécial en Guadeloupe sur la Côte Ouest, la Pointe du Morne aux Fous. Il décide alors d’y acheter un grand terrain et d’y faire son refuge.

Pourquoi a-t-il été séduit par cet endroit ?

La Guadeloupe a longtemps été connue comme étant une belle île tropicale. Ce n’est donc pas étonnant que Coluche l’ai choisi. Le Morne aux Fous est un petit domaine paradisiaque, en pleine nature. Géographiquement parlant, il se trouve au Sud de Deshaies sur les hauteurs. Coluche est tombé sous le charme de cet endroit qu’il décrivait comme étant un petit bout de paradis. Il s’est donc approprié un grand domaine de 7 hectares avec une vue imprenable en 1979. Il y construit une maison avec une piscine et y vient régulièrement pour s’amuser avec ses proches et ses amis dont Patrick Dewaere et Renaud. Selon lui, Coluche rêvait d’en faire un « mini Club Med » pour ses amis artistes, organisant chaque soir de grandes fêtes autour d’un colombo de poulet et de punch maison.

 

La villa de Deshaies et ses aléas

La villa construite sur cette propriété était une charmante maison créole sur pilotis, entourée de palmiers et dotée d’une piscine. Coluche y avait ajouté quelques détails pittoresques : on raconte qu’il avait aménagé une petite plate-forme dans un arbre pour y déguster du rhum au coucher du soleil.Au printemps 1982, son ami Patrick Dewaere vient passer quelques semaines dans la propriété avec sa compagne Elsa et leur fille Lola. Hélas, le 16 juillet 1982, Patrick Dewaere se suicide tragiquement à Paris avec la carabine que lui avait offert Coluche.  Suite aux nombreuses déceptions qu’il a subies, il sombrait dans la déception et ne voyait plus aucun intérêt à rester à Deshaies. Ayant eu de nombreux adversaires à Deshaies, il a fini par ne plus y être le bienvenu.

Entre 1983 et 1984, plusieurs incendies criminels sont déclenchés aux abords de la propriété. Finalement, le 31 janvier 1985, la villa est incendiée et détruite par un attentat. Cet événement marque la fin de l’épopée guadeloupéenne de Coluche. Le 19 juin 1985, Coluche demande à Michel Gaillard de s’occuper et d’entretenir sa propriété en échange de l’utilisation du terrain pour créer sa pépinière. Malheureusement, un an plus tard, Coluche meurt. Du fait de sa connaissance de la propriété et pour préserver la mémoire de l’artiste, Michel Gaillard achète la propriété le 1er octobre 1991. L’idée de créer un jardin botanique s’ensuit, un véritable défi pour un homme passionné

Chronologie de l’aventure guadeloupéenne de Coluche

  • 1979 : achat par Coluche des 7 hectares à Deshaies.
  • 1981 : arrivée de Dany Benamor pour gérer la villa.
  • 1982 : décès de Patrick.
  • 1985 : incendie de la villa, Coluche quitte la Guadeloupe, il confie sa propriété à Michel Gaillard
  • 1991 : Michel Gaillard rachète la propriété.
  • 2001 : ouverture du Jardin Botanique de Deshaies.

Du domaine privé au jardin botanique

Après le décès de Coluche, Michel Gaillard transforme l’ancien domaine en jardin botanique. En 2001 est inauguré le Jardin botanique de Deshaies. Ce jardin est aujourd’hui classé « Jardin remarquable » et propose plus de 1 000 espèces tropicales le long d’un sentier de 1,5 km.

Il est devenu l’un des lieux les plus visités de Guadeloupe. À l’entrée, des panneaux rappellent que ces terres appartenaient à Coluche, mêlant ainsi patrimoine naturel et mémoire populaire.

Un parc floral hors du commun !

Construit sur 7 hectares, les concepteurs, professionnels du paysage et amoureux de la nature, se sont donné la main pour créer ce parc floral et animalier de grande qualité. Sur un parcours de 1,5 km, il présente une gamme impressionnante de fleurs et de plantes tropicales, de plus de 1.000 espèces, comme les bougainvilliers, les hibiscus, les rosiers porcelaines, mais aussi une grande richesse d’arbres comme le Fromager, le Baobab et le Mapou, la Saucisse arbre à Pain, sans oublier le Talipot, palmier unique en Guadeloupe. Le parc a été créé afin de faire découvrir aux visiteurs la beauté et la diversité de la flore des Antilles.

Lors de votre visite, vous verrez :

L’étang aux nymphéas : Situé à l’entrée du parc, cet étang artificiel de plus de 50m de long et sa magnifique collection de nénuphars, papyrus et plantes aquatiques, parmi lesquels évoluent des carpes koï.
La volière : Une fois le portail de sécurité franchi, une trentaine de Loriquets, petits perroquets australiens aux couleurs vives, accueillent les visiteurs et n’hésitent pas à venir se poser sur la tête pour une photo.
Les orchidées : Dans un passage mi-ombre mi-soleil, des orchidées en fleurs grimpent et s’entrelacent sur les arbres. Différentes espèces offrent un spectacle gracieux et coloré. Ceux qui aiment ces fleurs savent à quel point elles sont fragiles et apprécieront la beauté des variétés présentées.
L’arboretum : Dans un espace vaste et aéré surplombant la mer des Caraïbes, une multitude d’arbres composent le paysage : palmiers royaux, bombax, baobab, jacaranda, arbre à pain, avocatier, calliandra et araucaria.
Le Banyan Tree : Près du restaurant panoramique, cet arbre impressionnant par sa forme et ses centaines de racines aériennes formant son tronc, était l’un des endroits préférés de Coluche.
La cascade : Haute de 10 mètres, la cascade mêle roches naturelles et artificielles surplombée par le restaurant, enchante les visiteurs qui traversent le bassin par un petit pont en bois. La tradition est de jeter une pièce de monnaie dans l’eau dans l’espoir de voir ses souhaits se réaliser.
Les flamants roses : À quelques mètres de la cascade, une mare est réservée à 15 flamants roses de Cuba. Ils sont les pionniers d’une réintroduction de l’espèce sur l’île. En effet, avant les années 1940, des flamants roses habitaient la région de Saint-François.
Le torrent : Un torrent de 60 mètres de long accompagne les visiteurs tout au long du parcours apportant une atmosphère de sérénité, amplifiée par le bruit de l’eau qui coule à 150 m3/heure.

Les traces de Coluche aujourd’hui

La mémoire de Coluche reste vivace à Deshaies. La baie panoramique qu’il contemplait, les plages qu’il fréquentait ou les petits restaurants qu’il aimait sont devenus mythiques. Une restauratrice locale raconte : « Coluche venait souvent chez moi : il aimait la cuisine créole mais adorait aussi les pâtes. Il arrivait toujours avec une dizaine d’amis ».

ALAIN BIZOS PHOTOGRAPHY

Bien que la propriété ait été préservée et entretenue après le départ de Coluche, la maison qu’il avait fait bâtir n’existe plus aujourd’hui. Une première reconstruction a été réalisée sur le même emplacement, mais en 1989, le cyclone Hugo a partiellement détruit cette bâtisse. Par la suite, une demeure plus grande, plus moderne et plus luxueuse a vu le jour sur les mêmes fondations. Elle témoigne d’un héritage indirect, on l’appelle toujours la maison de Coluche en Guadeloupe.

En définitive, le séjour guadeloupéen de Coluche mêle légèreté et tragédie : passionné par cette île hors du commun, il en a fait un refuge personnel. Aujourd’hui, touristes et fans peuvent visiter un lieu chargé d’histoire et de nature, souvenir vivant d’un artiste inoubliable.